Utilisé pour la première fois par Jon Savage (Sounds) fin 1977 # puis popularisé par Greil Marcus (Rolling Stone) en 1980, le terme « postpunk » qualifie les groupes new wave pouvant être considérés comme l'avant-garde du punk #.
L'appellation était destinée à représenter deux variétés distinctes d'ex-punks entrant en collision #
:
- des groupes qui avaient mis si longtemps à apprendre à jouer que lorsqu'ils eurent maitrisé leurs instruments, ils n'étaient plus sûrs de vouloir jouer du punk rock.
- des groupes convaincus que leurs buts artistiques ne pouvaient pas être atteints sous leurs formes initiales.
Manifestement, le postpunk n'a jamais été réellement postérieur au punk,
mais le terme constituait un outil critique bien commode pour éliminer le punk (si ce n'est le nom) et aussi renier la vision pré-punk
du rock #. Ce qui fascine aujourd'hui, c'est que certaines de ces scènes finalement éphémères aient pu à ce point secouer le rock, et bousculer sans ambages son catéchisme #.
A la fin des années 70, le postpunk s'éloigna radicalement d'un punk obstinément obscurantiste par une tension, un sens du paradoxe et un ton très atypique, stimulés par le désir de tester la forme du rock (en tant que musique, culture et commerce) avec une intelligence critique non déguisée #. Un des points communs entre les divers courants post-punk était l'idée de table rase, même impossible, puisque ils possédaient une histoire, que l'on peut connecter à des influences, et demeuraient ancrés dans la culture rock. Cette dernière fut régurgitée et sublimée par une approche singulière née de croisements, permis par des zones géographiques où cohabitaient une diversité de musiciens et d'artistes # : New York, Londres, Berlin ...
La digestion de rythmes noirs (dub, disco, funk, polyrythmies), de musiques contemporaines (électronique, concrète, free) et de la production jamaïcaine (effets, spatialité), permirent au postpunk de radicaliser sa forme et proposer enfin un art-rock réduit à l'essentiel et débarrassé de toute virtuosité ostentatoire #.
Le postpunk s'enracina alors avec pertinence dans une certaine forme de déconstruction n'excluant aucunement l'idée de mélodie et de groove. Mais le radicalisme intransigeant des formations ayant un goût prononcé pour les paroxysmes soniques, apparut impuissant à toucher un large public, et, du coup réservé à une frange d'initiés #. Se voulant méta-rock par la distanciation et la démystification, le principal défaut du postpunk, ou du moins son potentiel omniprésent au déclin, résidait dans sa façon de donner autant d'importance au discours qu'à la musicalité #.
Quelques scènes ou
styles associés : postpunk, art punk / avant punk, tribal punk, agit-funk, punk-funk, noise punk, cold wave / industrial, diy, no wave ...